08 juil. 2020 Identifiant: 304643
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Goodwood Festival Of Speed (le FOS !)

Goodwood Festival Of Speed (le FOS !)
Goodwood Festival Of Speed (le FOS !)
Goodwood Festival Of Speed (le FOS !)

 

La Honda NSX nous a déposés sur le circuit de Goodwood. Avec une telle machine, le voyage se suffit à lui-même et nous serions plutôt enthousiastes à l’idée de reprendre aussitôt notre cavalcade en sens inverse, après un bref ravitaillement culinaire (de ce point de vue, l’Angleterre reste l’Angleterre, autant ne pas s’attarder). Mais nos britanniques hôtes ont en revanche du talent pour cuisiner de roboratifs événements automobiles. Servis sous une sauce épicée de passion, les ingrédients de base offrent une variété de saveurs que le reste du monde peut toujours chercher à égaler. Les barquettes Fifties affichent une fraîcheur assez prodigieuse. Les Formule 1 à moteur avant ouvrent leurs gueules démesurées, prêtes à engouler tous les tarmacs. Les monstres hauts sur pattes, improbables machines à peu près sans freins qui disputaient les premières courses de ville à ville, grondent et cliquettent, vibrent de vigueur, attendrissants et terriblement dangereux.

Rappelons-nous que pendant de longues décennies, l’automobile ne jurait que par le progrès, démolissait les instruments de ses propres triomphes, abandonnait à la rouille ses plus précieux joyaux, démodés sitôt victorieux. Eh bien, pas ici. En Grande-Bretagne, dès les années Vingt de l’autre siècle, de joyeux gentlemen se sont passionnés pour les machines de 1895 et ont entrepris de les conserver, de les restaurer, de les faire courir même. Et ainsi de suite. L’après-guerre n’a pas enseveli les belles Lanchester et autres Lagonda de dix, vingt ou trente ans d’âge. Les clubs de marque sont nés ici (le Bugatti Owners Club fut le premier), et les rallyes vintage, et les meetings d’anciennes, et les officines spécialisées dans la restauration : tout le pays a pris une formidable avance en matière de passé. Si bien qu’aujourd’hui, une marque à peine septuagénaire comme Honda passe encore ici pour jeunette, et que son passé, moderne pour toujours, brille toujours de la plus vive séduction. Donc ? Donc, on ne repart pas tout de suite… Nous allons laisser un peu au repos les quatre moteurs de la NSX et nous intéresser au but de la visite, qui en vaut la peine.

 

Goodwood Festival Of Speed (le FOS !)
Goodwood Festival Of Speed (le FOS !)

 

Depuis des années, le service presse de Honda France, sous l’aiguillonnant enthousiasme d’Aurélie Litzler, a entrepris d’acclimater le plumitif français aux attraits bien particuliers de Goodwood. Cathy Dubuisson, photographe tout-terrain et toujours curieuse de tout ce qui roule, s’en est fait une spécialité : ici, elle ne sait plus où donner de l’objectif.

L’événement automobile Goodwood ajoute à ses innombrables qualités celle d’exister en deux exemplaires ! Le Revival, composé de courses pour toutes les disciplines, selon un menu qui varie chaque année, se déroule sur le circuit proprement dit. Le Festival of Speed (FOS pour les intimes) s’organise, lui, sous forme d’expositions statiques, foisonnantes, magnifiques, autour d’une mince allée où une course de cote entretient une bande-son constante, variée, carabinée de pétarades antiques et de hurlements ultra-modernes. THE FOS !

 

Goodwood Festival Of Speed (le FOS !)
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Là-dessus, des bruits de moteur aussi variés que possible, qui explorent toutes les fréquences. Un ruban de macadam bien lisse, bordé de bottes de paille à l’ancienne, un départ sous les arbres, un grand droit d’où les pilotes les plus généreux sortent largement en dérive ; merci Michèle Mouton ! Arriver sur ce premier virage, au volant d’une Quattro Sport de 500 ch fulminant tout en haut des tours, et l’aborder d’emblée dans un large travers superbement maîtrisé, ça c’est du spectacle ! Et puis la piste grimpe et se rétrécit ; il y aurait là-haut des virages plus serrés, mais les plus rapides avalent le tout en 40 secondes. La piste est courte et une bonne partie des dizaines de milliers de visiteurs voudraient être au premier rang… Si vous voulez gagner les hauts de Goodwood, comme le gazon perpétuellement humide du Sussex présente rarement à l’escarpin continental le grip idéal, ayez recours à la ressource locale : de forts tracteurs agricoles amènent le visiteur par charretées entières, sur des remorques dotées de bancs de bois, large ouvertes sur la campagne mais couvertes d’un dais parasol ou parapluie, c’est selon (il y a des années où Goodwood se prononce Gad’oue).

 

Goodwood Festival Of Speed (le FOS !)
Goodwood Festival Of Speed (le FOS !)

 

Depuis 2005, les organisateurs, jamais en retard d’une idée ont doublé la cote de goudron par une descente en terre, tracée à même les sous-bois, sur laquelle des machines de rallye de toutes époques trouvent à s’esbaudir plus à l’aise que sur le goudron.

 

Goodwood Festival Of Speed (le FOS !)
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Double spectacle, certitude pour l’amateur que, même s’il se démultiplie et s’il court très vite, il ne verra pas tout… Il faut faire son planning de visite sur plusieurs années.

On évolue dans un biotope difficile, où la moindre portion de frites est hors de prix et la moindre place en tribune lourdement rançonnée mais l’ensemble est inoubliable. Chaque voiture exposée aurait de quoi vous réveiller la nuit et il y en a des centaines.

Imaginez une kermesse où tous les stands seraient consacrés à l’automobile. Les larges allées sont plus densément peuplées qu’à la braderie de Lille, par un public pavoisé à toutes les couleurs de la course. Préparateurs, collectionneurs, équipementiers ont chacun leur tente, et les plus puissants de véritables stands en dur : pour l’occasion, Honda a carrément édifié une véritable concession, un QG à étage !

 

Goodwood Festival Of Speed (le FOS !)
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Goodwood Festival Of Speed (le FOS !)
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 Jenson Button, longtemps pilote Honda en Formule 1 et champion du monde 2009 sur Brawn Grand Prix, signe à la chaîne avec une maestria de l’autographe qui rappelle sa dextérité au volant. D’autres NSX, bleues celles-là, s’attirent l’admiration du chaland.

Près du vrai château en pierre façon Duc de Buckingham, une haie depuis à peine trois ou quatre-cents ans par une armée de jardiniers dissimule une pelouse en légère pente, une élégante enseigne nous apprend que nous cet espace a pour nom The Cartier Style et Luxe. Extraordinaire bijouterie : ne sont garés ici, dans un savant désordre, que les plus belles GT et des dream-cars uniques. Vedettes le temps d’un salon, oubliées depuis, celles-ci vous sautent à la mémoire avec toute la force d’objets créés, peaufinés sous chaque facette par des créateurs de formes automobiles.

 

Goodwood Festival Of Speed (le FOS !)
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Goodwood Festival Of Speed (le FOS !)
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 Le paddock, qui foisonne de machines de toutes marques, fait la part belle aux productions de Soïchiro Honda et de ses successeurs. Drapeau blanc et rond rouge… En course, leur réactivité a fait proverbe, ainsi que leur fécondité en solutions neuves. Dans le stand qui leur est réservé, quelques machines le prouvent.

 

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D’abord la RA 300, la Formule 1 victorieuse de son tout premier Grand Prix, à Monza en 1967 : émotion, car c’est le grand John Surtees, disparu en 2017, qui la conduisait. À côté, les ingénieurs s’activent autour d’une moto miniature, presque un jouet, la 50 cm3 RC115 de 1965 : un rendement de 300 chevaux par litre de cylindrée ! Soit 15 chevaux seulement mais seulement aussi 50 kilos ! Championne du monde, forcément… Avec des gestes japonais, c’est-à-dire déférents mais impérieux, un jeune mécanicien nous explique que la moto va démarrer, qu’il faut que nous nous écartions un peu et surtout que nous devrions nous boucher les oreilles. Avec une attitude française, c’est-à-dire sceptique et indocile, je recule d’un vague pas et garde les mains dans les poches. Quatorze secondes plus tard, ô combien je regrette de ne pas parler japonais. Dans ma tête tourne une vrille, une douleur si pointue que je ne l’identifie pas tout de suite comme un bruit : la RC115 vient de démarrer ! La sonorité tient du frelon qui aurait entrepris de chevaucher une scie circulaire. Le minuscule bicylindre tourne à plus de 20000 tours/minute ! Et encore, j’ai de la chance : pour gagner un cheval, et un titre de plus, la RC116 de l’année suivante, 1966, inaugurait un nouveau rapport alésage-course et atteignait 21500 tours/minute.

 

Quand un vicomte…

 

Parmi les passants, on bouscule des célébrités. Le collectionneur Peter Mullin, Américain spécialisé dans les grandes françaises, Delahaye, Hispano, Delage et Talbot ; vient-il acheter, vient-il vendre ? Peut-être qu’il se balade, tout simplement, en passionné qu’il est. Des pilotes : Jean Ragnotti et Stéphane Ortelli, toujours prêts toujours gais dès qu’il s’agit de prendre un volant exotique et puissant, Jochen Mass, venu en habitué. Des rencontres dont chacune mériterait à elle seule un sujet (et d’ailleurs nous y reviendrons, au double sens du terme).

 

Goodwood Festival Of Speed (le FOS !)
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Au détour d’un stand, on se heurte presque, pardon, à l’acteur Keanu Reeves ; habitué des festivals et vedette de Speed, il ne pouvait que venir au Festival of Speed. Ici le motard Freddie Spencer, plus détendu qu’au temps de ses trois titres mondiaux. Là Brian Redman, grande figure de l’endurance dans les années 60 et 70 (chez Porsche, Ford, Alfa, BMW, Ferrari), qui revient d’une grimpée au volant d’une Vanwall, la grosse Formule 1 anglaise des années 50 dont il devait rêver étant enfant. Il nous demande de préciser que sa combinaison de l’année lui a été offerte par Stand 21, dont acte.

 

Goodwood Festival Of Speed (le FOS !)
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Plus loin, nous rencontrons Philippe Mocq, plasturgiste et plus grand collectionneur français de la marque Avions-Voisin, impliqué depuis toujours dans le sport automobile français, chez qui Renault sous-traitait ses premiers ailerons de F1 en carbone et même l’Espace V10, porte-drapeau baroque et ludique que Renault s’était offert pour fêter ses titres de motoriste en championnat du monde de F1. Venu avec ses amis de Renault Histoire & Collection, Mocq nous présente leurs merveilles des années 70. Puis il s’empresse de nous indiquer la voiture qui le fascine, à lui : une voiture de 1924, carrément baptisée Méphistophélès ! Le Diable en personne, venu se frotter à la plus célèbre course de côte du monde. Il s’agit d’un châssis Fiat, marié par le pilote anglais Ernest Eldridge à un moteur d’avion : six cylindres, 21,7 litres de cylindrée, 316 chevaux, 235 km/h ! En 1924 ! Transmission par chaîne ! Et les freins ? À l’arrière… Oui oui, il y a eu un homme pour risquer la peau de ses fesses (et un mécano pour l’accompagner !) à 235 km/h sans freins à l’avant. Mieux valait que rien ne surgisse… 

 

Goodwood Festival Of Speed (le FOS !)
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L’équipe entreprend de démarrer la bête ; rendus prudents, nous nous éloignons, les mains sur les oreilles, mais il faut être loin pour que vos poumons cessent de résonner comme la peau d’un tambour à chaque énorme détonation du moteur de bombardier de cette grosse caisse. Une pensée pour l’alchimie qui se déroule dans les chambres de combustion, chacune chapeautée de quatre soupapes et de quatre bougies. Chacun des six pistons y remue plus de trois litres de carburant, imaginez l’explosion… 3600 cm3, multiplié par six. Notre moto Honda de tout à l’heure, c’était 49,9 cm3 divisés par deux, moins de 25 cm3 par cylindre ! Pas la même école mais à coup sûr autant de passion.

C’est ça Goodwood, les mémoires se mélangent ! Malheur : il va falloir repartir. Bonheur : on redémarre la NSX.

 

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L’œil de Cathy Dubuisson

 

“Les voyages Honda vers Goodwood, c’est devenu une tradition ! Toujours l’occasion de rencontrer des rédacteurs et de parler carbus pendant des heures, sur le Ferry ou sous Eurotunnel (c’est moins long). L’occasion de vérifier qui est capable de s’adapter très vite à la conduite à gauche, ou pas. L’occasion, aussi de reportages humides ! Je me souviens particulièrement d’une fois où j’ai suggéré à Aurélie de rouler un peu dans une flaque pour animer la photo… Elle m’a tellement obéi que je me suis retrouvé détrempée et que j’ai dû m’acheter des vêtements secs, sans quoi, vu le “soleil” ambiant, c’était 48 heures mouillée et une bronchite assurée. Une fois à Goodwood, c’est… éreintant. Tout serait à photographier et plutôt deux fois qu’une. Presque chaque voiture ou moto exposée mériterait un article de huit pages dans n’importe quel magazine, mais on n’a jamais le temps de s’arrêter sur une en particulier, c’est l’ensemble qu’il faudrait saisir. Comme me dit Robert, qui exige toujours des miracles : « Il faudrait que tu réussisses à attraper l’atmosphère… » Atmosphère, atmosphère… Est-ce que j’ai une gueule d’atmosphère ?”

 

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