La nouvelle Honda NSX 2017 vue par son motoriste

Responsable de la motorisation, Yasuhide Sakamoto revient sur le développement de la nouvelle Honda NSX 2017

• Les grands moments de l’IndyCar, un moteur V10 de voiture de sport qui n’a jamais vu le jour et l’opportunité de travailler sur la renaissance d’une légende : Yasuhide Sakamoto possède une carrière à la fois longue et illustre, ayant participé à certains des projets de groupe motopropulseur parmi les plus audacieux de Honda au cours des 20 dernières années.

Pouvez-vous revenir brièvement sur votre carrière professionnelle avant le projet NSX ?

« J'ai eu le privilège de travailler sur un certain nombre de projets fabuleux pendant ma carrière. Au cours de mes 17 premières années chez Honda, j’ai participé au développement de motorisations de série, notamment les moteurs V6.

Entre 2000 et 2007, je me suis consacré au développement du programme IndyCar de Honda. Pendant cette période, aux côtés de collègues d’Ilmor, nous sommes devenus le principal fournisseur de moteurs dans cette discipline. Je suis retourné au Japon en 2007 pour commencer à travailler sur un moteur V10 qui devait être utilisé par une voiture de sport Honda, mais qui n’a jamais été commercialisé. J'ai ensuite effectué un retour aux sources, c’est-à-dire la production de véhicules de série, assurant les fonctions de chef de grands projets adjoint en charge du développement du groupe propulseur du modèle Accord 2013.

Depuis 2012, je suis revenu dans la catégorie des véhicules hautes performances, où j'ai travaillé sur le projet NSX. Je suis très heureux d'avoir fait partie de l’équipe qui a fait de ce concept une réalité ».

C’est l'un des premiers projets de développement mondiaux entrepris par Honda. En quoi est-il différent des autres projets sur lesquels vous avez travaillé ?

« Les projets de développement communs entre collègues japonais et américains ne sont pas si rares chez Honda. Des changements mineurs sur certains modèles, lorsqu’on optimise un design existant, se produisent régulièrement.

La NSX était différente car nous avons conçu un nouveau groupe propulseur de bout en bout, en plus d’un nouveau châssis. Des échéances très serrées et la coordination entre les collègues japonais et américains ont rendu ce projet encore plus ambitieux ».`

Quelles sont les raisons du choix d’un groupe propulseur aussi révolutionnaire au lieu d’un moteur plus traditionnel ?

« La motorisation que nous avons choisi d'utiliser reflète ce que nous souhaitions que le conducteur ressente et les objectifs de performance que nous voulions atteindre.

Lors du développement du projet de voiture de sport à moteur V10 dont je parlais plus haut, nos objectifs étaient différents. Mais avec la nouvelle NSX, nous avons voulu créer un sentiment de réactivité instantanée. Cela n’aurait pu être possible sans le groupe propulseur révolutionnaire mis au point par Honda ».

Avez-vous échangé des informations avec les équipes de course de Honda pendant les phases de développement du moteur ?

« S’il n’y a eu aucun échange officiel entre les équipes chargées du développement de la NSX et les équipes de course de Honda, beaucoup de collaborateurs disposent d’une grande expérience de la compétition. Ils partagent donc la même mentalité et la même soif de performances de haut niveau.

Au cours du projet, plusieurs membres de l’équipe NSX sont passés au développement du moteur de Formule 1. En mettant à profit leur expérience du bloc propulseur de la NSX, ils ont contribué au retour de Honda en Formule 1.

Grâce à ce processus de rotation des postes, le développement de la NSX a agi comme incubateur de nouvelles idées et de créativité, se propageant dans toutes les activités de Honda ».

Comment pensez-vous que cette plateforme évoluera au fil du temps ? Quelle est votre vision d’une version future de la NSX ?

« En fait, nous pensons qu’il y a deux orientations possibles en termes de développements futurs. L’une est d'augmenter la puissance du moteur à combustion. L'autre serait de réduire la dépendance au moteur à combustion et d'augmenter la puissance issue des éléments électriques. À l’heure actuelle, nous ne sommes pas sûrs de la meilleure approche à adopter, et les deux options sont à l’étude.

Maintenant que la NSX est entre les mains des journalistes et de ses propriétaires, je suis impatient de recueillir leurs opinions quant à la direction que nous devrions prendre. Leurs commentaires seront cruciaux pour aider l’équipe à décider de la meilleure marche à suivre ».

Dans quels types d'épreuves aimeriez-vous voir la NSX en compétition ?

« J'ai une affinité marquée pour les courses d’endurance et j’aimerais beaucoup voir la nouvelle NSX sur le circuit du Mans dans la classe GT dans un futur proche ».